Énième journée sur le tournage qui n'avait pas commencé depuis si longtemps, et où tu continuais à réaliser ta passion, des heures glissé derrière la caméra et non devant. Tu n'étais pas le plus à l'aise dans l'autre sens, alors que lorsque c'était toi qui filmait, on sentait les errances de l'art qui t'étreignait, pulsait dans ton palpitant chaotique. Déjà la série faisait parler d'elle, et tu devais bien reconnaître que ça te plaisait d'un certain côté, même si l'intrigue était encore un peu trop simple à ton goût. Tu suivais les directives, tu improvisais parfois pour donner une autre perspective, qui plaisait, ou non, mais ça laissait le choix. T'étais rentré finalement dans cet appartement trop vide depuis que Damon et Valentina étaient partis, et t'y laissant irrémédiablement y tourner presque en rond, puisque tu n'avais même pas de raison de partir à l'autre bout des USA pour un projet personnel. Tout était sur place. Avantage. Inconvénient. T'avais l'impression d'être un peu trop seul entre ces murs où tu adorais les entendre, où tu pouvais t'attendre à tomber sur l'un ou l'autre, où tu pouvais en rejoindre un dans le lit de l'autre, ou en sentir un se glisser entre tes draps. Lèvres éperdues qui retrouvaient un peu facilement le chemin de celles des deux autres. Le corps affamé. La respiration étourdie. Moments entre vous, sans forcément que cela dérape. Sauf qu'ils n'étaient pas là, et que tu avais juste sauté dans la douche pour chasser la fatigue de la journée, et enchainer sur une soirée à l'extérieur avec certains membres de l'équipe de tournage. Cela ne finirait pas tard, vous aviez tous une longue journée le lendemain, et si cela se produisait bien malgré vous, les regards complices suffiraient à réconforter les autres.

Les cheveux encore humides, tu t'étais glissé dans un pantalon, et venais tout juste d'enfiler un tee-shirt, tes doigts tentant vainement d'arranger les mèches blondes désordonnées qui semblaient vouloir n'en faire qu'à leur tête, lorsque le bruit de la porte te fit sursauter. T'attendais personne... mais t'avais eu la connerie de ne pas fermer à clé derrière toi. Pour ta défense, fallait reconnaître que tu ne comptais pas t'éterniser dans ton appartement. Un léger froncement de sourcil accompagna tes pieds nus à travers les pièces jusqu'à gagner l'entrée, et y découvrir deux têtes brunes. Un sourire s'étira sur tes lèvres, incapable de le retenir, avant de te mordre la lippe inférieure pour tenter de le faire disparaître. Et le téléphone c'est fait pour les chiens ? grondas-tu, faussement accusateur, taquin jusqu'à ton regard pétillant, plus heureux qu'autre chose de les voir de retour. Ton palpitant battait plus vite... putain, ce qu'ils t'avaient manqué. Tu ne le réalisais réellement qu'à cette seconde, alors qu'à les voir ainsi te renvoyait tout ça en pleine gueule. Aussi la comédie ne tint-elle pas plus d'une seconde, voir deux, avant que tu t'avances vers eux, tes lèvres venant rencontrer celles de 'Tina, tes doigts glissant sur sa taille, la serrant dans tes bras. Avant de la relâcher pour faire de même avec Damon, tes lippes venant se fracasser contre les siennes, tes mains s'égarant sur sa nuque. Tu t'écartas, un sourire à la fois con et mutin sur les lèvres... Vous tombez mal, j'allais sortir. haussas-tu vaguement les épaules. Sans chaussures. Tout à fait. Mais la lueur espiègle au fond de tes yeux, le plissement de tes lèvres, prouvaient bien que tes plans venaient subitement de changer.

la journée a été carrément cinglée et crevante, ils avaient dû s'taper une conférence de presse - une plaie pour valentina - avant de prendre une voiture qui les conduisait à l'aéroport, pour l'grand retour à la maison. tous ceux qui connaissent un minimum tina, c'est-à-dire pas grand monde, savent qu'elle a une trouille bleue de l'avion. elle a passé l'heure que durait l'vol new-york-durhman à râler et à s'faire toutes les scènes de tous les crash d'avion possibles et imaginables. à la fin, elle finissait sois morte, soit défigurée - c'qui était vachement pire. elle a même adressé une prière au p'tit jésus, ce qu'elle n'avouera jamais, plutôt crever. la peur nous fait toujours faire des trucs insensés, faut croire. heureusement qu'il y avait damon, sur le siège juste à côté, qu'elle a utilisé comme oreiller vivant et qui a essayé de la rassurer - ça n'a pas vraiment marché, elle était beaucoup trop nerveuse, mais sa voix, douce et suave, avait toujours eu le don de l'apaiser. la chaleur du creux de sa nuque s'avérait être la planque parfaite lors du décollage et de l'atterrissage, durant lesquels elle avait eu l'impression qu'elle allait dégobiller son mcdo dans l'avion. une fois ses deux pieds sur terre, elle a eu la sensation d'revivre. la peur dans ses veines s'est transformée en excitation. l'vent qui soufflait sur son visage avait un parfum d'maison, ce qui était un contraste étourdissant avec l'atmosphère électrique de new-york. elle s'est empressée d'entraîner damon dans son sillage, qui avait la délicate tâche de s'trimballer leurs valises, jusqu'au premier taxi. leur premier arrêt était leur appart', clyde, surtout. ils avaient eu l'idée d'lui faire la surprise, c'qui avait réjouie l'âme d'enfant de tina. elle avait dû s'résigner à éteindre son téléphone pour n'pas se griller inconsciemment.

lorsqu'ils furent arrivés, la porte de l'appartement était ouverte. les escarpins de valentina avaient quittés ses pieds entre l'aéroport et maxwell boulevard. ses pieds lui faisaient un mal de chien, mais elle préférait toujours marcher pieds nus que se trimballer avec ces instruments de torture hors de prix. ils avaient essayé, vainement, d'entrer discrètement mais faut croire qu'ils n'étaient pas si discrets qu'ça, parce que dans la minute, clyde ramena ses jolies petites fesses. il sortait de la douche. il avait les cheveux encore humides, et c'est avec ses mèches blonde ébouriffés que tina le trouvait le plus mignon. p'tain, qu'est-ce qu'il lui avait manqué. l'manque, c'est un truc qu'elle connaissait pas trop, avant. pour tina, c'était un sentiment abstrait, jusqu'à ce qu'elle ait envie de raconter un truc qui la faisait rire, ou d'échanger un regard, un geste, une caresse, avec une personne qui s'trouvait à des kilomètres d'elle. elle ne put retenir un petit rire lorsqu'il leur gronda un reproche d'un ton accusateur, qu'elle n'prenait pas du tout au sérieux. j'suis contente de te voir aussi, bébé, lança t-elle, un sourire joueur aux coins des lèvres. les prunelles de clyde pétillaient d'une lueur malicieuse. la seconde qui suit, ses lèvres sont sur les tiennes, un baiser aussi doux, aussi léger qu'une plume. une poignée de secondes, le temps de s'enivrer de son parfum, puis sa main sur sa taille, son torse tout contre le sien, une simple étreinte chaleureuse qui l'électrisa toute entière. alors que clyde allait embrasser damon, elle balança ses chaussures à l'autre bout de la pièce et retira sa veste en cuir, qu'elle avait en fait piquer à damon, pour être honnête. elle déposa ensuite le sac de bouffe à emporter sur l'premier meuble sur lequel elle tomba. la dernière phrase du blond attira son attention, et un sourire taquin et joyeux vint illuminer son visage. j'suis sûre qu'on peut t'convaincre de changer tes plans susurra t-elle au blond, avant d'adresser un clin d'œil narquois à damon.